Downsizing (2017) : Grandes ambitions, petit résultat

Downsizing est le dernier film d’Alexander Payne, présenté à l’ouverture du festival de Venise, et qui a suscité chez nous quelques espoirs de par son casting (Matt Damon en tête d’affiche) et son idée de départ assez originale : pour lutter contre la surpopulation et ses effets néfastes sur l’environnement, des chercheurs norvégiens ont mis au point une technologie permettant de réduire la taille des humains à environ douze centimètres. De cette façon, l’humanité pourrait éviter une catastrophe climatique et élever considérablement son niveau de vie… Tentant, n’est-ce pas ?

Une idée sous-exploitée

Downsizing commence de manière prometteuse : le film évoque dans un premier temps la mise au point et le dévoilement de cette technologie ainsi que ses premiers effets sur la société. 15 ans plus tard, Paul Safranek (Matt Damon) et sa femme Audrey (Kristen Wiig), désireux d’améliorer leur standard de vie, décident de franchir le pas. Cette première demi-heure éveille notre intérêt, on est en effet bien curieux de savoir quelles seront les conséquences physiques, psychologiques et sociales de ce choix.


Malheureusement, une fois la transition (et le retournement scénaristique) effectués, Alexander Payne se perd progressivement dans son univers. En voulant dénoncer une multitude de choses à la fois, il ne traite finalement aucun sujet en profondeur. Leisureland, la ville de rêve où s’est installé Paul, se révèle une exacte reproduction des inégalités sociales des Etats-Unis, où les immigrés sont marginalisés en banlieue tandis qu’une minorité s’accapare l’essentiel des richesses. Si cette remise en question de l’American way of life semble dans un premier temps pertinente, le réalisateur opère un brusque volte-face au deux tiers du film pour se recentrer sur le sujet initial : celui du changement climatique.



C’est alors que l’on découvre avec effarement une image complètement caricaturale des “écolos”, représentés comme des marginaux en sarouel vivant dans les bois et passant leurs journées à jouer du djembé autour d’un feu de camp. Pour la crédibilité du propos, on repassera…

Une mise en scène discutable

Sur la forme également, le film s’essouffle passée la première demi-heure. Le contraste entre les humains de taille “normale” et ceux qui se sont fait rétrécir, pourtant marqué au début, disparaît complètement après l’intervention subie par Paul. A aucun moment, on ne voit réellement à travers les yeux d’un lilliputien le monde “vu d’en bas” et les “normaux”, qui auraient pu être représentés comme des géants, disparaissent du tableau.


Ce manque de perspective est particulièrement gênant dans le dernier acte du film, qui se déroule au beau milieu d’un fjord en Norvège : comment un bateau de la taille d’un jouet transportant des passagers de 12 centimètres peut-il naviguer dans la mer sans être ballotté dans tous les sens ? Dès lors, le monde d’Alexander Payne perd de sa cohérence et brise l’immersion. L’homme qui rétrécit, pourtant sorti en 1957, faisait bien mieux dans ce registre !


Des personnages caricaturaux

Matt Damon, comme à son habitude, brille dans son rôle de “mec normal” un peu dépassé par les événements et évite au film, pourtant bancal, de s’effondrer complètement. On ne peut pas en dire autant de l’écriture des seconds rôles, caricaturaux et à la limite du ridicule.



Ngoc Lan Tran (Hong Chau), une réfugiée vietnamienne miniaturisée de force est affublée en VO d’un accent extrêmement prononcé qui l’enferme dans un cliché vaguement raciste de l’immigrée asiatique gentille mais un peu naïve. C’est dommage car le grand talent de l’actrice ne parvient pas à nous faire passer outre les choix de réalisation peu cohérents du réalisateur. De même, le fait de choisir Christoph Waltz, acteur germano-autrichien, pour jouer le rôle d’un contrebandier serbe, est pour le moins discutable, d’autant plus que l’acteur (qu’on aime beaucoup d’habitude) surjoue complètement.




Downsizing est donc une déception : son postulat de base, pourtant intéressant, se révèle être une coquille vide renfermant 2h20 d’ennui. 

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